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Ephémères révisions de la 1ère ES 2 - EAF

22 juin 2013

[oral] Croquis (et plan !) parisien

 

Consigne : à partir de "croquis parisien", préparez un plan détaillé permettant de répondre à la problématique suivante : 

 

Dans quelle mesure s'agit-il bien d'un dessin de Paris ? 

 

 

 

DSC_0071

 

 

 

 

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20 juin 2013

Retour sur l'écrit

Chers élèves, 

J'espère que le sujet de l'écrit vous a inspirés ! 

Pour ma part, certes avec mon regard de professeur, je l'ai trouvé faisable et présentant une thématique proche de celle que nous avions abordée ensemble au sein de l'objet d'étude sur le personnage de roman. 

Ce que j'ai pu apercevoir de vos copies m'a donné l'impression que vous vous étiez efforcés de suivre la méthode... j'espère qu'il en est de même pour le contenu ! 

Bon courage pour les sciences et, dès demain, vous trouverez sur ce blog quelques entraînements plus spécifiques à l'oral. 

 

19 juin 2013

M**** !

Bon courage à chacun, 

Donnez-vous à fond et battez-vous jusqu'au bout, sans découragement mais avec rigueur dans votre pensée et... dans votre relecture ! 

 

Je pense bien à vous ! 

... Et à bientôt pour des exercices uniquement en vue de l'oral ! 

 

17 juin 2013

[Ecrit] Représentation du comique --> problématique et plan du commentaire

 

L'exercice est simple : trouvez une problématique et un plan de commentaire pour le texte suivant, extrait du Mariage de Figaro de Beaumarchais. 

A ce moment de l'acte III, le comte Almaviva cherche à se venger de Figaro par tous les moyens : il joue donc de tout son poids pour que l'issue du procès opposant Marceline et Figaro penche en faveur de la première et que Figaro, au lieu d'épouser Suzanne sa bien-aimée, soit obligée d'épouser cette femme. 

 

Extrait de l'acte III, scène 15

Les Acteurs précédents, Antonio, les Valets du château, les paysans et paysannes en habits de fête ; le Comte s’assied sur le grand fauteuil ; Brid’oison, sur une chaise à côté ; le Greffier, sur le tabouret derrière sa table ; les Juges, les Avocats, sur les banquettes ; Marceline, à côté de Bartholo ; Figaro, sur l’autre banquette ; les Paysans et Valets, debout derrière.

[...]

Double-Main lit.

« … Pour cause d’opposition faite au mariage dudit Figaro par ladite de Verte-Allure. Le docteur Bartholo plaidant pour la demanderesse, et ledit Figaro pour lui-même, si la cour le permet, contre le vœu de l’usage et la jurisprudence du siège. »

Figaro

L’usage, maître Double-Main, est souvent un abus. Le client un peu instruit sait toujours mieux sa cause que certains avocats, qui, suant à froid, criant à tue-tête, et connaissant tout, hors le fait, s’embarrassent aussi peu de ruiner le plaideur que d’ennuyer l’auditoire et d’endormir messieurs : plus boursouflés après que s’ils eussent composé l’Oratio pro Murena. Moi, je dirai le fait en peu de mots. Messieurs…

Double-Main

En voilà beaucoup d’inutiles, car vous n’êtes pas demandeur, et n’avez que la défense. Avancez, docteur, et lisez la promesse.

Figaro

Oui, promesse !

Bartholomettant ses lunettes.

Elle est précise.

Brid’oison

I-il faut la voir.

Double-Main

Silence donc, messieurs !

L’Huissierglapissant.

Silence !

Bartholo lit.

« Je soussigné reconnais avoir reçu de damoiselle, etc. Marceline de Verte-Allure dans le château d’Aguas-Frescas, la somme de deux mille piastres fortes cordonnées, laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château ; et je l’épouserai, par forme de reconnaissance, etc. Signé Figaro, tout court. » Mes conclusions sont au paiement du billet et à l’exécution de la promesse, avec dépens. (Il plaide.) Messieurs… jamais cause plus intéressante ne fut soumise au jugement de la cour ; et, depuis Alexandre le Grand, qui promit mariage à la belle Thalestris…

Le Comteinterrompant.

Avant d’aller plus loin, avocat, convient-on de la validité du titre ?

Brid’oisonà Figaro.

Qu’oppo… qu’oppo-osez-vous à cette lecture ?

Figaro

Qu’il y a, messieurs, malice, erreur ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce, car il n’est pas dit dans l’écrit : « laquelle somme je lui rendrai, ET je l’épouserai, » mais « laquelle somme je lui rendrai, OU je l’épouserai » ; ce qui est bien différent.

Le Comte

Y a-t-il ET dans l’acte, ou bien OU ?

Bartholo

Il y a ET.

Figaro

Il y a OU.

Brid’oison

Dou-ouble-Main, lisez vous-même.

Double-Mainprenant le papier.

Et c’est le plus sûr ; car souvent les parties déguisent en lisant. (Il lit.) « E, e, e, Damoiselle e, e, e, de Verte-Allure, e, e, e, Ha ! laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château… ET… OU… ET… OU… » Le mot est si mal écrit… il y a un pâté.

Brid’oison

Un pâ-âté ? je sais ce que c’est.

Bartholoplaidant.

Je soutiens, moi, que c’est la conjonction copulative ET qui lie les membres corrélatifs de la phrase ; je payerai la demoiselle, ET je l’épouserai.

Figaroplaidant.

Je soutiens, moi, que c’est la conjonction alternative OU qui sépare lesdits membres ; je payerai la donzelle, OU je l’épouserai. À pédant, pédant et demi. Qu’il s’avise de parler latin, j’y suis grec ; je l’extermine.

Le Comte

Comment juger pareille question ?

Bartholo

Pour la trancher, messieurs, et ne plus chicaner sur un mot, nous passons qu’il y ait OU.

Figaro

J’en demande acte.

Bartholo

Et nous y adhérons. Un si mauvais refuge ne sauvera pas le coupable. Examinons le titre en ce sens. (Il lit.) « Laquelle somme je lui rendrai dans ce château, où je l’épouserai. » C’est ainsi qu’on dirait, messieurs : « Vous vous ferez saigner dans ce lit, où vous resterez chaudement » ; c’est dans lequel. « Il prendra deux gros de rhubarbe, où vous mêlerez un peu de tamarin » ; dans lesquels on mêlera. Ainsi « château où je l’épouserai », messieurs, c’est « château dans lequel. »

Figaro

Point du tout : la phrase est dans le sens de celle-ci : « ou la maladie vous tuera, ou ce sera le médecin » ; ou bien le médecin ; c’est incontestable. Autre exemple : « ou vous n’écrirez rien qui plaise, ou les sots vous dénigreront » ; ou bien les sots ; le sens est clair ; car, audit cas, sots ou méchants sont le substantif qui gouverne. Maître Bartholo croit-il donc que j’aie oublié ma syntaxe ? Ainsi, je la payerai dans ce château, virgule, ou je l’épouserai…

Bartholovite.

Sans virgule.

Figarovite.

Elle y est. C’est, virgule, messieurs, ou bien je l’épouserai.

Bartholoregardant le papier, vite.

Sans virgule, messieurs.

Figarovite.

Elle y était, messieurs. D’ailleurs, l’homme qui épouse est-il tenu de rembourser ?

Bartholovite.

Oui ; nous nous marions séparés de biens.

Figarovite.

Et nous de corps, dès que mariage n’est pas quittance. (Les juges se lèvent et opinent tout bas.)

Bartholo

Plaisant acquittement !

Double-Main

Silence, messieurs !

L’Huissierglapissant.

Silence !

Bartholo

Un pareil fripon appelle cela payer ses dettes !

Figaro

Est-ce votre cause, avocat, que vous plaidez ?

Bartholo

Je défends cette demoiselle.

Figaro

Continuez à déraisonner, mais cessez d’injurier. Lorsque, craignant l’emportement des plaideurs, les tribunaux ont toléré qu’on appelât des tiers, ils n’ont pas entendu que ces défenseurs modérés deviendraient impunément des insolents privilégiés. C’est dégrader le plus noble institut. (Les juges continuent d’opiner bas.)

Antonioà Marceline, montrant les juges.

Qu’ont-ils tant à balbucifier ?

Marceline

On a corrompu le grand juge ; il corrompt l’autre, et je perds mon procès.

Bartholobas, d’un ton sombre.

J’en ai peur.

Figarogaiement.

Courage, Marceline !

Double-Main se lève ; à Marceline.

Ah ! c’est trop fort ! je vous dénonce ; et, pour l’honneur du tribunal, je demande qu’avant faire droit sur l’autre affaire, il soit prononcé sur celle-ci.

Le Comte s’assied.

Non, greffier, je ne prononcerai point sur mon injure personnelle ; un juge espagnol n’aura point à rougir d’un excès digne au plus des tribunaux asiatiques : c’est assez des autres abus ! J’en vais corriger un second, en vous motivant mon arrêt : tout juge qui s’y refuse est un grand ennemi des lois. Que peut requérir la demanderesse ? mariage à défaut de paiement : les deux ensemble impliqueraient.

Double-Main

Silence, messieurs !

L’Huissierglapissant.

Silence.

Le Comte

Que nous répond le défendeur ? qu’il veut garder sa personne ; à lui permis.

Figaroavec joie.

J’ai gagné !

Le Comte

Mais comme le texte dit : "Laquelle somme je payerai à sa première réquisition, ou bien j’épouserai, etc.", la cour condamne le défendeur à payer deux mille piastres fortes à la demanderesse, ou bien à l’épouser dans le jour. (Il se lève.)

Figarostupéfait.

J’ai perdu.

 

17 juin 2013

[écrit] Questions sur l'énonciation (poésie mais valable ailleurs)

N'oubliez pas que les différents exercices proposés ici peuvent aussi... vous servir d'exemples le jour J !

 

Je te l'ai dit pour les nuages

Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer

Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles

Pour les cailloux du bruit

Pour les mains familières

Pour l'oeil qui devient visage ou paysage

Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur

Pour toute la nuit bue

Pour la grille des routes

Pour la fenêtre ouverte sur un front découvert

Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles

Toute caresse toute confiance te survivent.

Paul Eluard, "Je te l'ai dit pour les nuanges...", L'Amour la poésie, 1929

Questions :

1/ Quelles sont les marques de l'énonciateur dans ce poème ? A quoi servent-elles ? De quel mouvement littéraire non pas du XXème s. mais du XIXème s. cela pourrait-il rapprocher ce poème ?

2/ A qui s'adresse le poète ?

3/ Par quels procédés le poète exprime-t-il la grandeur de son amour ?

 

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15 juin 2013

[Ecrit] L'argumentation et le pouvoir --> questions vers la dissertation

Bonsoir, 

Etant présentement en week-end, je vous ai tout de même programmé la parution de ce petit entraînement : n'hésitez pas à le faire même si vous ne vous sentez pas à l'aise pour une future dissertation, il s'agit surtout de réflechir à l'objet d'étude et de faire une synthèse de vos connaissances sur ce sujet. 

Sujet : La littérature vous semble-t-elle un moyen efficace pour comprendre et critiquer le pouvoir ? 

Consignes : 

1/ Reformulez la problématique avec VOS mots. 

2/ Trouvez un plan en indiquant clairement l'argument majeur que vous souhaitez y défendre. 

3/ De quels exemples pourriez-vous vous servir ? (N.B.  : plus vous serez nombreux à le faire, plus vous aurez d'idées !). 

 

Bon courage et à bientôt ! 

14 juin 2013

[Ecrit] - Question sur corpus (arguments)

CONSIGNE : Il s'agit ici de trouver arguments et exemples des textes pour répondre à la question sur corpus. Vous n'avez pas à rédiger mais il faut que cela soit clair et utilisable dans la QC (il ne s'agit pas d'un commentaire !). 

(Si le coeur vous en dit, je suis aussi preneuse de la courte introduction rédigée cette fois comprenant la présentation des textes que vous avez tendance dans l'ensemble à faire trop longue)

 

QUESTION --> Dans quelle mesure ces scènes correspondent-elles - ou non - à ce que l'on attend d'une scène d'exposition ? 

 

Textes constituant le corpus : 

Document 1 : En attendant Godot - Samuel Beckett - Scène d'exposition (extrait)

Route à la campagne, avec arbre.
Soir.
Estragon, assis sur une pierre, essaie d'enlever sa chaussure. Il s'y acharne des deux mains, en ahanant. Il s'arrête, à bout de forces, se repose en haletant, recommence. Même jeu.
Entre Vladimir.


ESTRAGON (renonçant à nouveau) : Rien à faire.
VLADIMIR (s'approchant à petits pas raides, les jambes écartées) : Je commence à le croire. (Il s'immobilise.) J'ai longtemps résisté à cette pensée, en me disant, Vladimir, sois raisonnable. Tu n'as pas encore tout essayé. Et je reprenais le combat. (Il se recueille, songeant au combat. A Estragon.) Alors, te revoilà, toi.
ESTRAGON : Tu crois ?
VLADIMIR : Je suis content de te revoir. Je te croyais parti pour toujours.
ESTRAGON : Moi aussi.
VLADIMIR : Que faire pour fêter cette réunion ? (Il réfléchit.) Lève-toi que je t'embrasse. (Il tend la main à Estragon.)
ESTRAGON (avec irritation) : Tout à l'heure, tout à l'heure.
Silence. 
VLADIMIR (froissé, froidement) : Peut-on savoir où monsieur a passé la nuit ?
ESTRAGON : Dans un fossé.
VLADIMIR (épaté) : Un fossé ! Où ça ?
ESTRAGON (sans geste) : Par là.
VLADIMIR : Et on ne t'a pas battu ?
ESTRAGON : Si... Pas trop.
VLADIMIR : Toujours les mêmes ?
ESTRAGON : Les mêmes ? Je ne sais pas.
Silence. 
VLADIMIR : Quand j'y pense... depuis le temps... je me demande... ce que tu serais devenu... sans moi... (Avec décision) Tu ne serais plus qu'un petit tas d'ossements à l'heure qu'il est, pas d'erreur.
ESTRAGON (piqué au vif) : Et après ?
VLADIMIR (accablé) : C'est trop pour un seul homme. (Un temps. Avec vivacité.) D'un autre côté, à quoi bon se décourager à présent, voilà ce que je me dis. Il fallait y penser il y a une éternité, vers 1900.
ESTRAGON : Assez. Aide-moi à enlever cette saloperie.
VLADIMIR : La main dans la main on se serait jeté en bas de la tour Eiffel, parmi les premiers. On portait beau alors. Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter. (Estragon s'acharne sur sa chaussure.) Qu'est-ce que tu fais ?
ESTRAGON : Je me déchausse. Ça ne t'est jamais arrivé, à toi ?
VLADIMIR : Depuis le temps que je te dis qu'il faut les enlever tous les jours. Tu ferais mieux de m'écouter.
ESTRAGON (faiblement) : Aide-moi !
VLADIMIR : Tu as mal ?
ESTRAGON : Mal ! Il me demande si j'ai mal !
VLADIMIR (avec emportement) : Il n'y a jamais que toi qui souffres ! Moi je ne compte pas. Je voudrais pourtant te voir à ma place. Tu m'en dirais des nouvelles.
ESTRAGON : Tu as eu mal ?
VLADIMIR : Mal ! Il me demande si j'ai eu mal !
ESTRAGON (pointant l'index) : Ce n'est pas une raison pour ne pas te boutonner.
VLADIMIR (se penchant) : C'est vrai. (Il se boutonne.) Pas de laisser-aller dans les petites choses.
ESTRAGON : Qu'est-ce que tu veux que je te dise, tu attends toujours le dernier moment.
VLADIMIR (rêveusement) : Le dernier moment... (Il médite) C'est long, mais ce sera bon. Qui disait ça ?
ESTRAGON : Tu ne veux pas m'aider ?
VLADIMIR : Des fois je me dis que ça vient quand même. Alors je me sens tout drôle. (Il ôte son chapeau, regarde dedans, y promène sa main, le secoue, le remet.) Comment dire ? Soulagé et en même temps... (il cherche) ...épouvanté. (Avec emphase.) E-POU-VAN-TE. (Il ôte à nouveau son chapeau, regarde dedans.) Ca alors ! (Il tape dessus comme pour en faire tomber quelque chose, regarde à nouveau dedans, le remet.) Enfin... (Estragon, au prix d'un suprême effort, parvient à enlever sa chaussure. Il regarde dedans, y promène sa main, la retourne, la secoue, cherche par terre s'il n'en est pas tombé quelque chose, ne trouve rien, passe sa main à nouveau dans sa chaussure, les yeux vagues.) Alors ?
ESTRAGON : Rien
VLADIMIR : Fais voir.
ESTRAGON : Il n'y a rien à voir.



Document 2 : Musset, On ne badine pas avec l’amour (1834) Acte I, scène 1

Scène 1

Une place devant le château.

MAITRE BLAZIUS, DAME PLUCHE, LE CHŒUR

Le Chœur Doucement bercé sur sa mule fringante, messer1 Blazius s'avance dans les bluets fleuris, vêtu de neuf, l'écritoire au côté. Comme un poupon sur l'oreiller, il se ballotte sur son ventre rebondi, et les yeux à demi fermés, il marmotte un Pater nosterdans son triple menton. Salut, maître Blazius ; vous arrivez au temps de la vendange, pareil à une amphore antique.

Maître Blazius Que ceux qui veulent apprendre une nouvelle d'importance m'apportent ici premièrement un verre de vin frais.

Le Chœur Voilà notre plus grande écuelle ; buvez, maître Blazius ; le vin est bon ; vous parlerez après.

Maître Blazius Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur, vient d'atteindre à sa majorité, et qu'il est reçu docteur1 à Paris. Il revient aujourd'hui même au château, la bouche toute pleine de façons de parler si belles et si fleuries, qu'on ne sait que lui répondre les trois quarts du temps. Toute sa gracieuse personne est un livre d'or2 ; il ne voit pas un brin d'herbe à terre, qu'il ne vous dise comment cela s'appelle en latin ; et quand il fait du vent ou qu'il pleut, il vous dit tout clairement pourquoi. Vous ouvririez des yeux grands comme la porte que voilà, de le voir dérouler un des parchemins qu'il a coloriés d'encres de toutes couleurs, de ses propres mains et sans rien en dire à personne. Enfin c'est un diamant fin des pieds à la tête, et voilà ce que je viens annoncer à M. le baron. Vous sentez que cela me fait quelque honneur, à moi, qui suis son gouverneur depuis l'âge de quatre ans ; ainsi donc, mes bons amis, apportez une chaise, que je descende un peu de cette mule-ci sans me casser le cou ; la bête est tant soit peu rétive, et je ne serais pas fâché de boire encore une gorgée avant d'entrer. Le Chœur Buvez, maître Blazius, et reprenez vos esprits. Nous avons vu naître le petit Perdican, et il n'était pas besoin, du moment qu'il arrive, de nous en dire si long. Puissions-nous retrouver l'enfant dans le cœur de l'homme.

Maître Blazius Ma foi, l'écuelle est vide ; je ne croyais pas avoir tout bu. Adieu ; j'ai préparé, en trottant sur la route, deux ou trois phrases sans prétention qui plairont à monseigneur ; je vais tirer la cloche. (Il sort.)

Le Chœur Durement cahotée sur son âne essoufflé, dame Pluche gravit la colline ; son écuyer transi gourdine3 à tour de bras le pauvre animal, qui hoche la tête, un chardon entre les dents. Ses longues jambes maigres trépignent de colère, tandis que, de ses mains osseuses, elle égratigne son chapelet. Bonjour donc, dame Pluche ; vous arrivez comme la fièvre, avec le vent qui fait jaunir les bois.

Dame Pluche Un verre d'eau, canaille que vous êtes ! un verre d'eau et un peu de vinaigre !

Le Chœur

 

D'où venez-vous, Pluche, ma mie ? Vos faux cheveux sont couverts de poussière ; voilà un toupet de gâté, et votre chaste robe est retroussée jusqu'à vos vénérables jarretières.

Dame Pluche Sachez, manants, que la belle Camille, la nièce de votre maître, arrive aujourd'hui au château. Elle a quitté le couvent sur l'ordre exprès de monseigneur, pour venir en son temps et lieu recueillir, comme faire se doit, le bon bien qu'elle a de sa mère. Son éducation, Dieu merci, est terminée ; et ceux qui la verront auront la joie de respirer une glorieusefleur de sagesse et de dévotion. Jamais il n'y a rien eu de si pur, de si ange, de si agneau et de si colombe que cette chère nonnain, que le Seigneur Dieu du ciel la conduise ! Ainsi soit-il ! Rangez-vous, canaille ; il me semble que j'ai les jambes enflées.

Le Chœur Défripez-vous, honnête Pluche, et quand vous prierez Dieu, demandez de la pluie ; nos blés sont secs comme vos tibias.

Dame Pluche Vous m'avez apporté de l'eau dans une écuelle qui sent la cuisine ; donnez-moi la main pour descendre ; vous êtes des butors et des malappris. (Elle sort.)

Le Chœur Mettons nos habits du dimanche, et attendons que le baron nous fasse appeler. Ou je me trompe fort, ou quelque joyeuse bombance est dans l’air aujourd’hui. (Ils sortent.)

 


Document 3 : Marivaux, Le Jeu de l'Amour et du hasard (1730)

ACTE I
Scène première
Silvia, Lisette

Silvia.
Mais encore une fois, de quoi vous mêlez-vous, pourquoi répondre de mes sentiments ?

Lisette.
C'est que j'ai cru que dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ; Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise qu'il vous marie, si vous en avez quelque joie ; moi je lui réponds qu'oui ; cela va tout de suite ; et il n'y a peut-être que vous de fille au monde, pour qui ce oui-là ne soit pas vrai, le non n'est pas naturel.

Silvia.
Le non n'est pas naturel ; quelle sotte naïveté ! Le mariage aurait donc de grands charmes pour vous ?

Lisette.
Eh bien, c'est encore oui, par exemple.

Silvia.
Taisez-vous, allez répondre vos impertinences ailleurs, et sachez que ce n'est pas à vous à juger de mon cœur par le vôtre.

Lisette.

Mon cœur est fait comme celui de tout le monde ; de quoi le vôtre s'avise-t-il de n'être fait comme celui de personne ?

Silvia.
Je vous dis que si elle osait, elle m'appellerait une originale.

Lisette.
Si j'étais votre égale, nous verrions.

Silvia.
Vous travaillez à me fâcher, Lisette.

Lisette.
Ce n'est pas mon dessein ; mais dans le fond voyons, quel mal ai-je fait de dire à Monsieur Orgon, que vous étiez bien aise d'être mariée ?

Silvia.
Premièrement, c'est que tu n'as pas dit vrai, je ne m'ennuie pas d'être fille.

Lisette.
Cela est encore tout neuf.

Silvia.
C'est qu'il n'est pas nécessaire que mon père croie me faire tant de plaisir en me mariant, parce que cela le fait agir avec une confiance qui ne servira peut-être de rien.

Lisette.
Quoi, vous n'épouserez pas celui qu'il vous destine ?

Silvia.
Que sais-je ? Peut-être ne me conviendra-t-il point, et cela m'inquiète.

Lisette.
On dit que votre futur est un des plus honnêtes du monde, qu'il est bien fait, aimable, de bonne mine, qu'on ne peut pas avoir plus d'esprit, qu'on ne saurait être d'un meilleur caractère ; que voulez-vous de plus ? Peut-on se figurer de mariage plus doux ? D'union plus délicieuse ?

Silvia.
Délicieuse ! Que tu es folle avec tes expressions !

Lisette.
Ma foi, Madame, c'est qu'il est heureux qu'un amant de cette espèce-là, veuille se marier dans les formes ; il n'y a presque point de fille, s'il lui faisait la cour, qui ne fût en danger de l'épouser sans cérémonie ; aimable, bien fait, voilà de quoi vivre pour l'amour, sociable et spirituel, voilà pour l'entretien de la société : pardi, tout en sera bon dans cet homme-là, l'utile et l'agréable, tout s'y trouve.

Silvia.
Oui dans le portrait que tu en fais, et on dit qu'il y ressemble, mais c'est un, on dit, et je pourrais bien n'être pas de ce sentiment-là, moi ; il est bel homme, dit-on, et c'est presque tant pis.

Lisette.
Tant pis, tant pis, mais voilà une pensée bien hétéroclite !

Silvia.
C'est une pensée de très bon sens ; volontiers un bel homme est fat, je l'ai remarqué.

Lisette.
Oh, il a tort d'être fat ; mais il a raison d'être beau.

Silvia.
On ajoute qu'il est bien fait ; passe.

Lisette.
Oui-da, cela est pardonnable.

Silvia.
De beauté, et de bonne mine je l'en dispense, ce sont là des agréments superflus.

Lisette.
Vertuchoux ! si je me marie jamais, ce superflu-là sera mon nécessaire.

Silvia.
Tu ne sais ce que tu dis ; dans le mariage, on a plus souvent affaire à l'homme raisonnable, qu'à l'aimable homme : en un mot, je ne lui demande qu'un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu'on ne pense ; on loue beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a vécu avec lui ? Les hommes ne se contrefont-ils pas ? Surtout quand ils ont de l'esprit, n'en ai-je pas vu moi, qui paraissaient, avec leurs amis, les meilleures gens du monde ? C'est la douceur, la raison, l'enjouement même, il n'y a pas jusqu'à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu'on leur trouve. Monsieur un tel a l'air d'un galant homme, d'un homme bien raisonnable, disait-on tous les jours d'Ergaste : aussi l'est-il, répondait-on, je l'ai répondu moi-même, sa physionomie ne vous ment pas d'un mot ; oui, fiez-vous-y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d'heure après pour faire place à un visage sombre, brutal, farouche qui devient l'effroi de toute une maison. Ergaste s'est marié, sa femme, ses enfants, son domestique ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu'il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n'est qu'un masque qu'il prend au sortir de chez lui.

Lisette.
Quel fantasque avec ces deux visages !

Silvia.
N'est-on pas content de Léandre quand on le voit ? Eh bien chez lui, c'est un homme qui ne dit mot, qui ne rit, ni qui ne gronde ; c'est une âme glacée, solitaire, inaccessible ; sa femme ne la connaît point, n'a point de commerce avec elle, elle n'est mariée qu'avec une figure qui sort d'un cabinet, qui vient à table, et qui fait expirer de langueur, de froid et d'ennui tout ce qui l'environne ; n'est-ce pas là un mari bien amusant ?

Lisette.
Je gèle au récit que vous m'en faites ; mais Tersandre, par exemple ?

Silvia.
Oui, Tersandre ! Il venait l'autre jour de s'emporter contre sa femme, j'arrive, on m'annonce, je vois un homme qui vient à moi les bras ouverts, d'un air serein, dégagé, vous auriez dit qu'il sortait de la conversation la plus badine ; sa bouche et ses yeux riaient encore ; le fourbe ! Voilà ce que c'est que les hommes, qui est-ce qui croit que sa femme est à lui ? Je la trouvai toute abattue, le teint plombé, avec des yeux qui venaient de pleurer, je la trouvai, comme je serai peut-être, voilà mon portrait à venir, je vais du moins risquer d'en être une copie ; elle me fit pitié, Lisette : si j'allais te faire pitié aussi

    cela est terrible, qu'en dis-tu ? Songe à ce que c'est qu'un mari.

Lisette.
Un mari ? C'est un mari ; vous ne deviez pas finir par ce mot-là, il me raccommode avec tout le reste.

 

P.S. : Etant absente ce week-end, je vais programmer des billets mais aurai sans doute un peu de retard dans la correction de vos éventuelles réponses. 

14 juin 2013

[Ecrit] - portrait d'un personnage --> questions

Bravo à Mikaël et Aurélien qui ont travaillé l'exercice précédent ! 

Je vous donne un extrait de texte de Balzac et quelques questions : l'idée est d'y répondre "dans l'esprit" du commentaire, c'est-à-dire en analysant et en interprétant bien chaque chose. A vous ! 

Texte : Eugénie Grandet (1833), Honoré de Balzac

Félix Grandet, un riche tonnelier, est en quête d'une servante pour son prochain mariage.  

M. Grandet pensait alors se marier, et voulait déjà monter son ménage. Il avisa cette fille rebutée de porte en porte. Juge de la force corporelle en sa qualité de tonnelier, il devina le parti qu'on pouvait tirer d'une créature femelle taillée en Hercule, plantée sur ses pieds comme un chêne de soixante ans sur ses racines, forte des hanches, carrée du dos, ayant des mains de charretier et une probité vigoureuse comme l'était son intacte vertu. Ni les verrues qui ornaient ce visage martial, ni le teint de brique, ni les bras nerveux, ni les haillons de la Nanon n'épouvantèrent le tonnelier, qui se trouvait encore dans l'âge où le coeur tressaille. Il vêtit alors, chaussa, nourrit la pauvre fille, lui donna des gages et l'employa sans trop la rudoyer. 

 

Questions : 

1/ Si vous deviez donner un titre à l'extrait, ce serait ? 

2/ Relevez et classez les caractéristiques physiques et morales de Nanon. Qu'en déduisez-vous ? 

3/ Que révèle le nom du personnage ? 

 

A vous ! 

 

11 juin 2013

[ORAL] Supplément au voyage de Bougainville --> plan

Mode d'emploi : pour tous les exercices - sauf mention contraire explicite - répondez dans les "commentaires" du billet. Je commenterai moi-même vos réponses. 

 

Chers élèves, 

Comme premier entraînement (côté oral), je vous propose de trouver un plan (détaillé !) de commentaire sur le dernier texte à partir de la problématique suivante : 

Comment Diderot s'y prend-il pour promouvoir l'homme à l'état de nature dans ce texte ? 

 

Cela me semble une bonne idée car, à la fois, nous n'avons pas travaillé pleinement le texte ensemble et, d'autre part, c'est encore tout neuf dans votre tête... 

A vous de jouer ! 

 

10 juin 2013

Pour commencer...

Chers élèves, 

Avant de passer à des petits exercices à proprement parler, je vous propose afin d'ouvrir sur une touche d'humour ce blog de révision de faire un tour sur le lien suivant : 

http://cortecs.org/outillage/151-moisissures-argumentatives 

qui recense d'une manière un peu plus amusante les procédés argumentatifs peu honnêtes pour gagner contre son adversaire. C'est un peu fastidieux comme relevé, certes mais, si vous vous donnez la peine d'y jeter un oeil quelque peu attentif, vous y verrez certains procédés que nous avons relevés dans nos textes. 

 

A demain matin pour le 1er exercice ! 

Mme PdLG 

 

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