[Ecrit] - portrait d'un personnage --> questions

Bravo à Mikaël et Aurélien qui ont travaillé l'exercice précédent ! 

Je vous donne un extrait de texte de Balzac et quelques questions : l'idée est d'y répondre "dans l'esprit" du commentaire, c'est-à-dire en analysant et en interprétant bien chaque chose. A vous ! 

Texte : Eugénie Grandet (1833), Honoré de Balzac

Félix Grandet, un riche tonnelier, est en quête d'une servante pour son prochain mariage.  

M. Grandet pensait alors se marier, et voulait déjà monter son ménage. Il avisa cette fille rebutée de porte en porte. Juge de la force corporelle en sa qualité de tonnelier, il devina le parti qu'on pouvait tirer d'une créature femelle taillée en Hercule, plantée sur ses pieds comme un chêne de soixante ans sur ses racines, forte des hanches, carrée du dos, ayant des mains de charretier et une probité vigoureuse comme l'était son intacte vertu. Ni les verrues qui ornaient ce visage martial, ni le teint de brique, ni les bras nerveux, ni les haillons de la Nanon n'épouvantèrent le tonnelier, qui se trouvait encore dans l'âge où le coeur tressaille. Il vêtit alors, chaussa, nourrit la pauvre fille, lui donna des gages et l'employa sans trop la rudoyer. 

Questions : 

1/ Si vous deviez donner un titre à l'extrait, ce serait ? 

2/ Relevez et classez les caractéristiques physiques et morales de Nanon. Qu'en déduisez-vous ? 

3/ Que révèle le nom du personnage ? 

A vous ! 

Comments

[Isapdlg]

Bonsoir Célia,



1/ Cela me va très bien !



2/ Oui dans l'ensemble mais il manque à mon sens un point : l'insistance sur la force de Nanon à l'intérieur du portrait physique n'est pas anodine dans un contexte provincial et paysan balzacien. Le tonnelier évalue Nanon du regard comme s'il s'agissait d'une bête : il s'agit de deviner sa force pour calculer sa force de travail dans un monde que Balzac tend à rendre particulièrement avide de profit... à plus forte raison dans Eugénie Grandet (hélas, je ne puis mettre d'italiques dans mon commentaire !!!) qui est un roman dont le sujet principal est l'avarice.



3/ Alors, en réalité, Nanon est un diminutif du prénom Anne mais votre analyse reste exacte concernant la présence de l'article devant le nom. Quant au suffixe -on, il est souvent utilisé pour créer des diminutifs populaires aux prénoms. On pourrait aussi y voir une proximité sonore avec l'âne ce qui irait particulièrement dans le sens du portrait.



P.S. : réponse aux autres commentaires - les vôtres et ceux de vos camarades - demain car il est bien trop tard... Avec un nouvel exercice à la clef !

[Célia]

1) On pourrait donner pour titre « portrait de Nanon » à cet extrait. A travers le regard du tonnelier, ce texte dresse un portrait moral et physique du personnage-type que représente Nanon. Il nous renseigne sur son physique en désignant ses « forte des hanches », son « visage martial » ou ses « mains de charretiers » mais aussi sa moralité en évoquant sa « probité vigoureuse » et son « intacte vertu ».



2) Nanon a un physique plutôt déplaisant pour une femme, elle n’est d’ailleurs pas désignée ainsi mais comme une « créature femelle » comme si elle était indigne d’être reconnue comme telle. Son corps et son visage sont décrits péjorativement avec un physique assez masculin « Hercule », « carrée » ou encore « charretier » et un faciès repoussant avec un « teint de brique » et des « verrues ». A l’inverse, sa moralité semble exemplaire avec sa « probité vigoureuse » et son « intacte vertu ». Le physique malheureux mais robuste de Nanon met d’autant plus en valeur son portait moral qui semble alors irréprochable comme s’il devait compenser ce désavantage de la nature. Présentée ainsi, Nanon semble être la servante-type des familles aisées du XIXe siècle, simple, forte et fidèle envers ceux qui ne l’auront pas rebutée.



3) Le nom de Nanon qui semble être une déformation du prénom « Manon » révèle la simplicité du personnage ainsi que la classe sociale dont elle semble être issue. En effet, l’emploi du déterminant « la » lorsque l’auteur évoque ses haillons amplifie son aspect rustre déjà fortement marqué lors sa description physique et marque son appartenance aux basses classes de la société.